
POURQUOI CETTE FÊTE ?
Cette fête se veut être un espace de rencontre entre musique et politique, entre des publics et des idées mais également rencontre entre des styles musicaux et des langues diverses.
Par la chanson politique, nous sommes nombreux, nombreuses à avoir découvert l’histoire de luttes, de résistances, non enseignées à l’école. Par effet de standardisation de la chanson, on tend à lisser ou invisibiliser des textes engagés, et d’effacer ainsi le lien entre musique et politique.
Qu’elle soit le récit d’un combat ou porteuse d’une poésie plus complexe, elle est liée aux évènements, à une époque. Elle permet une compréhension commune de ce que l’ on vit, une résistance collective et/ou individuelle. Elle rend visible des situations d’oppression, d’injustice, met en lumière ce que l’on ré-invente déjà et ce que l’on êverait de nos rapports sociaux. Elle raconte l’histoire des peuples, reflète le vécu des classes populaires et laisse une trace dans notre histoire en y gravant les rêves, les espoirs et les idéaux. La chanson politique est ainsi particulièrement fondatrice de culture partagée et partageable.
Ce festival n’est pas seulement le support à une programmation culturelle, mais il se veut porteur d’un propos : il entend questionner le lien inestimable entre l’expérience politique et le fait de chanter et de faire de la musique. Ce lien que nous souhaitons faire perdurer dans notre esprit et ranimer dans nos pratiques.
La chanson politique n’en demeure pas moins complexe et diverse et nous souhaitons faire de la place à ses diverses formes sans jugement figé. Les chansons et leur artistes échappent heureusement et souvent à des catégorisations.
Qui sommes-nous pour juger ? Le texte seul ne permet pas de qualifier une chanson politique. L’histoire du corps et de l’engagement de l’artiste comptent tout autant. « Cette fête » souhaite également dénoncer les difficultés de sa production et le discrédit souvent jeté sur son/sa chanteur.teuse. C’est un combat que de créer du lien et d’assurer aux artistes des bonnes conditions d’écoute et de valorisation de leur travail.
Nous souhaitons enfin simplement que le temps de cette fête soit un moment de chant collectif, festif et joyeux.
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La chanson politique est universelle, chaque langue, chaque style de musique raconte des luttes, des utopies ou des mémoires politiques à sa façon. La fête de la chanson politique a à cœur de laisser se raconter le passé, le présent ou le futur dans toutes les langues et dans tous les styles musicaux.
Les trois précédentes éditions ont chanté la politique en aranais, chorale, français, rap, rébétiko, espagnol, maloya, arabe, électro, grec, chanson, réunionnais, théâtre… Cette année aussi, nous tenions à varier les langues et les styles dans lesquels se chantent la politique.
Occitan, kurde, français, berbère, grec se marieront avec divers styles de musique et de spectacle vivant pour célébrer ce que la politique a encore de beau et de conflictuel ! ( nous assumons que le conflit est un des terreaux les plus fertiles pour qu’émerge l’action collective)
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Le choix du lieu n’a pas été fait au hasard ; L’Usine Rizla+ de Mazères-sur-Salat a été le théâtre d’une lutte ouvrière comme il en existe partout sur le territoire. L’usine de papier à cigarettes a été rachetée par Imperial Tobacco qui, 4 ans plus tard, décide de fermer le site afin de délocaliser. S’ensuit alors une mobilisation des ouvrier.es de l’usine et la création d’un comité de soutien qui arrive à l’automne 2001 à faire suspendre le projet de fermeture de l’usine qui enverrait 70 personnes au chômage. Malheureusement, cette victoire fut courte et le trust britannique ferme finalement l’usine le 31 décembre 2002. Mais les salarié.es ne disent pas leur dernier mot et engagent, là encore une lutte pour forcer Imperial Tobacco à dépolluer le site ; cette fois-ci la lutte est victorieuse.
De par le mélange de la culture ouvrière et syndicale avec la ruralité de l’espace géographique du site, la Fête de la Chanson Politique qui se veut passeuse de mémoire sociale a toutes les raisons d’exister en ce lieu.
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Pour favoriser les discussions et les échanges, nous voulons que la fête soit un espace où les gens de différents horizons se retrouvent, citadins et ruraux, jeunes et plus âgés. Car pour construire ensemble, il faut avant tout que nous puissions nous retrouver ensemble. Afin de créer cet espace populaire et inclusif, nous prenons soin de varier les styles musicaux et les formats (spectacle, concert, chorale, fanfare, déambulation…) proposés.Nous mettons un point d’honneur à ce que la fête puisse également être familiale et maintenons l’idée d’imaginer un espace enfant pour que les jeunes personnes puissent également prendre plaisir à venir à la Fête de la Chanson Politique.
Comme lors des éditions précédentes, nous travaillons à l’existence d’espaces d’échange qui permettront à ce que le vécu commun des participant.es à la fête ne se résume pas à être spectateur.rices ensemble mais bien acteur.rices ; pour cela, nous continuerons à mettre en place des espaces de discussion, des ateliers, ou des tables ronde où chacun.e aura l'opportunité de s'exprimer. Dans les nouveautés de cette année, une diffusion radiophonique éphémère pour la durée du festival est envisagée.
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A Cette année encore un « hameau des luttes » permettra aux différents collectif·ve·s et organisations en lutte de se rassembler et de mettre en avant les nombreuses résistances locales et leur terrain commun qu'elles soient sociales, syndicales, paysannes, écologistes, antiracistes, antifascistes, féministes, queer...
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Nous sommes réticent.es au système de « tête d’affiche ». Pour nous, la qualité des propositions musicales n’est pas liée à la renommée de celle ou celui qui la propose.
Enfin, nous tenons à appliquer un modèle de rétribution égalitaire ; si, pour le moment, notre système financier ne nous permet que de payer les artistes au salaire minimum défini par les conventions collectives ; nous ne nous permettons pas d’appliquer des différences (et donc des inégalités) salariales entre les propositions artistiques
Conclusion
Pour conclure, nous avons voulu créer une initiative qui se veut la plus ouverte et inclusive possible. Allier chanson et politique, tisser des liens, permettre à tou.tes de se sentir bien dans les espaces que nous créons, faire exister la mémoire sociale, favoriser les échanges et discussions, prendre en compte les questions liées à l’alimentation et à l’égalité salariale, nous tentons, à notre échelle de lier praxis et idéal politique. Mais notre souhait principal est que tout le monde puisse s’emparer de la Fête de la Chanson Politique et puisse y participer ou la soutenir à sa façon.
Nous espérons que cette fête puisse vivre et faire vivre une étincelle partout !
QUI SOMMES NOUS?
Une 4° édition ?
A chaque nouvelle édition, nous sommes un peu plus nombreuses et nombreux à être rassemblé·es pour célébrer les luttes et la culture durant deux jours de spectacles, d’ateliers et de discussions et d’une fête. Confronté·es à des questions d’organisation, et à ce qu’implique le fait de porter un événement exigeant, original, autoproduit qui prend de l’ampleur, nous nous sommes demandé si nous avions l’énergie pour poursuivre l’aventure et la capacité à maintenir ce projet dans le temps.
À ces questions, nous ne pouvions répondre de par nous-même et nous avons proposé une rencontre dans le Comminges avec le questionnement sur la faisabilité de renouveler les forces vives et lancer une quatrième édition. L’enthousiasme avec lequel de nouvelles personnes ont souhaité rejoindre l’équipe et la conviction ré-affirmée que nous avions notre place sur ce territoire qui nous accueille ont créé l’émulation nécessaire à acter la tenue de la quatrième édition de la Fête de la Chanson Politique. Elle aura donc lieu !
Pour cette édition, nous tenons à prolonger les liens, à en tisser de nouveaux et participer ainsi à la structuration des alliances et des réseaux locaux. Dans le Comminges et les vallées alentours, dans les villages ou les villes, nombreuses sont les luttes, les organisations associatives, syndicales et politiques, les collectifs et les les collectives, les initiatives solidaires, les militant·es désireux·ses de se re-lier, de créer des espaces d’échanges de savoirs et d’expertise, de construire une riposte commune pour défendre une justice sociale mise à mal.
Humblement, à son échelle, la Fête de la Chanson Politique souhaite être un espace où les gens puissent se rencontrer, les luttes se croiser, les initiatives s’enrichir, où tout simplement nous puissions nous voir et nous parler.
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Lors de la fête, nous faisons nous-même la cuisine. Nous essayons au maximum de nous fournir en produits locaux et/ou bio. La bière que nous servons au bar est locale, nous travaillons avec la brasserie de la Nestoise. Enfin, nous sommes conscient.es que le végétarianisme est éminemment politique et nous tenons à ce qu’a minima une option végétarienne soit proposée. Cette année nous cherchons à intégrer une alternative végane.
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Nous proposons un espace festif où les pratiques à risque peuvent avoir lieu. Les éditions précédentes, nous amènent à mieux reconnaître notre responsabilité et à mettre en place des action d'information, de prévention et de réduction des risques sur la durée de la fête.
Aucun comportement sexiste, raciste, transphobe, homophobe, oppressif quel qu’il soit ne saura être toléré. Nous réfléchissons aux dispositifs de prévention et de gestion des violences que nous pourrons mettre en place pour que cette nouvelle édition reste un espace de fête et de rencontre où l'intégrité de chacun·e soit respectée et où toustes se sentent en sécurité.
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La petite équipe que nous sommes s'organise sur un mode auto-gestionnaire. Le travail est organisé en commissions et nous nous réunissions une fois par mois en assemblée générale afin de mettre à la discussion ce que nous souhaitons pour la fête, de prendre les décisions au consensus et enfin de se répartir ensemble les différentes tâches à mettre en chantier.
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Face à la casse budgétaire et à la montée des propriétaires d'extrême droite des scènes, salles et contenus artistiques, face à la discrimination des art(iste)s et chansons engagées et pour que l'histoire sociale et politique continue à nous être chantée et soutenir une scène vivante et diverse. La fête travaille à construire son autonomie financière, basée sur la solidarité et la rencontre.
Le syndicalisme de lutte nourrit les histoires collectives et individuelles d'une grande partie d’entre nous. Nous restons convaincu.es qu'il est un acteur indispensable à nos résistances . Pour la 4ème édition, comme au fil des éditions précédentes, plusieurs syndicats et unions locales ont décidé de soutenir financièrement la fête et de participer à son existence.
Cette année, nous avons également décidé d’organiser deux soirées de soutien à Toulouse (le 24 mai sous le chapiteau de l’Agit et le 28 juin au local Picmil) dont tous les bénéfices seront reversés à la Fête de la Chanson Politique.
Autant de pré-fêtes pour que la fête puisse se poursuivre !
Nous diffusons une cagnotte (crowdfunding) car la fête ne peut se passer du soutien de celles et ceux qui pourraient participer à son financement, y compris celui des personnes qui, du fait de l'éloignement géographique ou de leur indisponibilité, ne pourront venir festoyer cette année.
Jusqu'ici nous nous nous sommes refusé·es à demander des subventions afin de ne pas dépendre d’aléas financiers hors de notre ressort et pour pouvoir exister dans l’autonomie la plus totale quant à ce que nous souhaitions proposer. En raison d'un déficit financier affiché lors de l'édition précédente, nous envisageons de recourir cette année au GIP afin de nous aider à payer les cotisations sociales attachées au salaire des artistes. Cette possibilité est en cours de réflexion.
Rue de la commune est un collectif de mémoire sociale constitué autour des 150 ans de la Commune de Paris et de la mémoire des blanchisseuses. Un conte a été créé et adapté sous forme de spectacle musical : “Il faut venger Gervaise”. Nous avons réalisé un clip tourné en Comminges sur une des chansons issues du conte : “La chanson des lavandières”.
Rue de la Commune est un outil de production culturelle politique et d’histoire sociale.
POURQUOI LE COMMINGES?
Les organisateurs et organisatrices habitent en majorité dans le Comminges et sont attaché.e.s à participer à la proposition d’une offre culturelle sur ce territoire. Par ailleurs, le Comminges est un territoire déjà riche d’une histoire musicale populaire de part entre autre l’héritage de la chanson occitane et polyphonique mais pas que.